Chloé Bocher, la déterminée
Publié le 8 décembre 2025
Scolarisée en bac pro au lycée Le Hurle-Vent, Chloé Bocher se classe 2e du concours du Meilleur Apprenti cuisinier de France pour la région Normandie. Cette place a presque le goût d’une victoire.
Chloé Bocher a 18 ans. Elle sait ce qu’elle veut et elle se donne les moyens de ses ambitions. Il n’en faut pas moins pour se présenter à un concours comme celui du Meilleur Apprenti de France avec l’espoir sérieux d’y faire bonne figure.
Chloé a fait mieux que cela. Elle est montée sur la 2e marche du podium, laissant huit autres concurrents derrière elle, dont des élèves scolarisés en BTS. Même si elle se dit un peu frustrée de ne pas avoir décroché la première place, ce classement a presque le goût de la victoire.
Pour en arriver là, elle n’a pas chômé. Chloé est arrivée au lycée du Tréport en 2022. Mickaël Louedec, professeur de cuisine, y a rapidement vu son potentiel. « Chloé est travailleuse et méritante. Elle est très mâture pour son âge », assure-t-il tandis que son élève affiche une moue dubitative et un discret sourire. Travailleuse, il faut l’être pour accepter les contraintes qu’impose un tel concours.
Un programme exigeant
Le menu a été dévoilé dès la mi-septembre : filet de sandre sur un sablé au thym avec une sauce paloise, suivi d’une ballottine de canard avec des pastillas et des panais en trois façons, et pour conclure, un crémé, des tuiles et des suprêmes, le tout à l’orange. L’enseignant a proposé à son élève de se lancer en la prévenant qu’il allait falloir travailler sans compter. « Si M. Louedec me le proposait, c’est qu’il m’en pensait capable. J’ai accepté », se souvient Chloé qui a vite trouvé sa motivation : « à chaque séance, je voyais une amélioration. Ça encourage. Et puis, je n’étais pas là seulement pour le plaisir. J’aime la compétition ».
Huit séances ont été programmées en deux semaines. Chaque soir, le professeur et l’élève se sont retrouvés dans la cuisine du lycée pour étudier les recettes, établir la mise en œuvre, peaufiner chaque détail. Pour l’un comme pour l’autre, ce temps venait s’ajouter à des journées déjà bien chargées. « Il m’est arrivé de la voir fatiguée, mais toujours attentive. Elle ne lâche rien », explique l’enseignant qui complète « elle s’est aussi privée de sorties pour se consacrer au concours ». Inlassablement, Chloé a fait, refait, s’est remise en question, a amélioré sa pratique.
Le jour J, elle est entrée dans la cuisine d’un lycée de Caen et, comme les autres concurrents, elle a dû composer avec un univers nouveau. « Courir après l’huile ou les aromates sans savoir où tout est rangé, ça fait partie du concours, mais il faut rester focus », explique la lycéenne qui poursuit « durant toute l’épreuve, le jury observe. Il vient interroger les élèves quand ils ont un doute sur leur façon de faire. En ce qui me concerne, j’ai eu la satisfaction de voir qu’ils appréciaient ce que je faisais. Leur seule question a été de me demander si tout allait bien pour moi ».
Son travail salué par un chef étoilé
Le jury était emmené par Arnaud Viel. Le chef étoilé installé à Argentan a manifestement beaucoup apprécié le travail de Chloé et n’a pas manqué de le faire savoir. À l’issue du concours, il l’a félicitée pour sa pratique, allant même jusqu’à saluer l’état impeccable de sa tenue après quatre heures passées en cuisine.
« Ils étaient deux à être au-dessus du lot », explique M. Louedec qui était présent au concours, même s’il lui était interdit d’entrer en cuisine, pour assurer sa protégée de son soutien et entendre les commentaires qui lui seraient faits avant l’annonce des résultats. Malheureusement, le concours prévoit que le jury qui déguste les plats est différent de celui qui assiste à la préparation. « Le chef Viel semblait avoir une préférence pour ce qu’a fait Chloé », assure M. Louedec qui se réjouit aussi d’avoir porté à Caen les couleurs du lycée Tréportais. « Nous sommes une petite structure et ne sommes pas toujours connus. Un concours comme celui-ci, avec une concurrente comme Chloré, cela permet de faire parler du lycée du Tréport », assure-t-il.
90 minutes après la fin des épreuves, le verdict est tombé. Cela s’est joué à peu de chose, mais c’est un jeune scolarisé à Caen qui est sorti lauréat et qui ira donc représenter la Normandie à la finale nationale.
Le travail de Chloé et son respect des règles ont néanmoins été largement salués. Le jury a notamment mis en avant l’importance de l’hygiène et de la bonne tenue des postes de travail. « Une viande qui reste un peu trop longtemps en dehors du frigo, et c’est mort », commente Chloé. Cela tombe bien, car c’est dans ce domaine qu’elle envisage son avenir professionnel. En effet, même si elle a tout pour briller en cuisine, le bac en poche, elle s’orientera vers un BTS agricole Analyses, en vue de devenir contrôleuse alimentaire. Sa rigueur et sa motivation seront deux atouts précieux.
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